Protocole de fartage issu de la coupe du monde : Formation VOLA Racing X Sport et Neige
Qui n’a jamais rêvé de pénétrer les coulisses des équipes de fartage sur le circuit coupe du monde ou lors d’une compétition de renom ? Chez Sport et Neige, comme tous les passionnés de fartage, nous sommes très friands de ces pratiques « cachées », de la petite astuce qui parfois fait toute la différence. Malheureusement, difficile de pouvoir se faufiler dans les camions des équipes pour voir ce qu’il s’y passe.
Heureusement, notre partenariat historique avec VOLA Racing, nous a permis de coorganiser avec eux une journée complète de formation pour « apprendre à farter comme un technicien coupe du monde ».
Si vous voulez revivre en « inside» cette journée, cet article est fait pour vous !
Début de la journée et découverte du programme
Le rendez-vous est donné à 8h30 sur le site de La Perdrix à Hauterive-La-Fresse (25). Deux techniciens VOLA nous y attend avec tout le matériel nécessaire (parc test de skis de fond étalonné, accessoires de fartage, farts, croissants/café … rien ne manque).
La météo est avec nous. Une journée hivernale rêvée pour tout skieur : de la neige fraiche, un ciel bleu azur et un petit -14°C au lever du jour.
L’objectif de la journée est clair : découvrir le protocole de fartage issu de la coupe du monde de ski de fond. Le fartage est une science avec de multiples possibilités tant les types de neige sont variables et tant les gammes de farts sont étendues (l’arrivée des nouveaux farts sans fluor vient d’ailleurs complexifier cette science en rebattant les cartes). Dans une démarche de fartage professionnel notre technicien VOLA nous donne la première clé : il faut suivre un véritable protocole afin de ne rien négliger. L’adoption d’une démarche longue et systématique est quasi indispensable pour ne pas passer à côté du fartage optimum.
La première partie de la journée consistera à analyser les conditions de neige et météorologiques. Dans un second temps nous testerons, d’après les analyses préalablement effectuées, différents farts avec différentes méthodes d’applications.
Analyse des conditions de neige
La première étape consiste donc en une analyse de la matière première, la neige. Cela semble logique. Et pourtant, la majorité des skieurs (ça nous arrive parfois également - mea-culpa) se contente de consulter la météo annoncée le jour de la sortie ou au mieux de regarder la température affichée sur le thermomètre extérieur. Au final, très peu de skieurs observent la neige.
Il est important de se concentrer sur la neige plutôt que sur la température extérieure à l’instant « t » car celle-ci possède une grosse inertie. La température extérieure peut rapidement devenir positive grâce au soleil, mais la neige n’a pas forcément le temps d’accumuler la chaleur dans un court laps de temps. L’inertie de la neige dépend également des conditions météorologiques des jours précédents et de l’épaisseur du manteau neigeux. Pour finir, la température de l’air au ras de la piste est souvent très différente de celle mesurée à 1 mètre du sol sous abri.
Notre première mission de la journée consiste donc à analyser la neige sur la piste damée au niveau du plan lisse. Pour cela nous effectuons plusieurs mesures :
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La température de la neige (relevée à -8°C), est réalisée avec une sonde enfoncée dans la neige de la piste.
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L’hygrométrie de la neige sur les stries du plan lisse mais également dans les traces laissées par les skieurs grâce à un humidimètre. Le jour du test nous avons affaire à une neige dite « sèche ». Le taux d’humidité relevé est de 18%.
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Le grain de la neige. Il est possible de tester la cohésion de la neige en prenant une poignée de neige en main et d’essayer d’en faire une boule.
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La température de l’air extérieur à environ 1 mètre du sol (-3°C relevé le jour du test).
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L'humidité de l’air (59% relevé le jour du test).
Prise de mesures
Parc test étalonné
Choix des farts
Après avoir récolté toutes ces données, nous pouvons donc réfléchir aux farts à tester. Nos connaissances empiriques permettent de présélectionner des farts qui peuvent fonctionner dans ces conditions et d’éliminer les farts qui ne fonctionneront pas. Il est évident qu’il est difficilement possible de tester 100% des farts qui existent sur le marché en quelques heures. Cela montre l’importance de consacrer du temps à l’étude des conditions météorologiques et de neige.
Lors de cette journée de formation, notre partenaire organisateur VOLA nous a mis à disposition un élément indispensable au test : un parc test de 8 paires de skis étalonnés à l’identique. Pour faire simple, dans un parc test étalonné, sans fart appliqué, tous les skis possèdent la même qualité de glisse. Les skis possèdent un marquage tous les 10cm ce qui permettra lors des tests de glisse de quantifier les écarts qui vont apparaitre une fois le fart appliqué.
Après discussion, nous décidons de retenir et de tester les possibilités les plus probantes qui suivent :
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Fart solide VOLA LMach bleu avec une application au fer à 180°C (fart sans fluor).
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Fart solide VOLA HMach bleu avec une application au fer à 180°C (fart sans fluor).
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Fart solide VOLA HMach bleu solide, application au fer à 140°C (température d’application conseillée) (fart sans fluor).
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Fart solide VOLA HMach violet avec une application au fer à 180°C (fart sans fluor).
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Fart solide VOLA Base Hard avec une application au fer à 180°C (fart sans fluor).
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Fart liquide VOLA HMach bleu avec une application à la brosse rotative Red Creek Fleece (fart sans fluor).
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Bloc accelerateur Mach Propulsor Bleu (fart sans fluor).
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Cera avec fluor dont la référence restera secrète (les techniciens aiment garder une part de mystère).
Procédure d’application des différents farts
Avant la mise en application des farts ci-dessus, nous avons procédé au nettoyage des semelles à l’aide du défarteur FlourClean VOLA. Les skis sont ainsi nettoyés de tous les résidus possibles d’ancien fart, ce qui pourrait biaiser le test.
Farts solides :
Les différentes méthodes d’application des farts ont été évoquées précédemment. La méthode de brossage est quant à elle identique pour l’ensemble des farts solides :
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Dégagement de la rainure centrale et des cars.
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Raclage (avec un racloir plastique).
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Brossage manuelle à l’aide d’une brosse « Fine steel » (environ 5 passes suffisent, la qualité de ce type de brosse permet un rendu excellent avec un effort contenu).
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Brossage en rotatif avec une brosse combi Red Creek demi crin dur/demi nylon soft. Nous commençons par le crin et nous finissons par le nylon bleu soft afin de lustrer et rendre brillante la semelle.
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Fibre anti statique.
Farts liquides :
Pour l’application des farts liquides, la mise en œuvre était la suivante :
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Le liquide est étalé à l’aide d’une fibre antistatique.
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Après séchage (apparition d’une couche blanchâtre), les skis sont brossés à l’aide d’une brosse manuelle fine steel (oui, même pour un fart liquide).
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Finition à l’aide d’une brosse rotative fleece puis nylon souple.
Blocs accélérateurs :
Le bloc est dans un premier temps crayonné à froid contre la semelle. Il est ensuite chauffé à l’aide d’une brosse rotative Fleece puis poli avec une bosse en nylon souple.
Point commun pour l’ensemble des farts appliqués, nous avons toujours terminer l’étape de brossage avec une brosse en nylon souple.
Procédure du test de glisse
Les skis fartés/préparés sont ensuite testés. Un classement est établi pour déterminer quelle est la combinaison de fart la plus efficace pour les conditions de neiges analysées. Le protocole indique de confronter les paires de skis sous forme de duels jusqu’à affronter les deux paires finalistes entre elles.
Pour ce faire, nous définissons une zone test en pente douce et établissons des binômes de gabarits égaux parmi les testeurs. Chaque skieur prend une paire de skis. Au départ de la zone de test, les deux skieurs réalisent simultanément 3 poussées. Pour effectuer une comparaison égalitaire, les skieurs se prennent bras dessus-bras dessous plusieurs mètres pour stabiliser leurs vitesses. Arrivé à un repaire donné, les skieurs se lâchent et réalisent un schuss (en adoptant la même posture). Cela demande un peu de pratique et occasionne de bonnes crises de rires dans un premier temps.
Une fois les deux skieurs arrêtés, les écarts de glisse sont quantifiés. Les repères de graduation tous les 10 centimètres sur les skis du parc test sont d’une grande aide pour mesurer les écarts. Ce même test est ensuite renouvelé en échangeant les paires de skis (le skieur A prend les skis du skieur B).
Les paires de skis les moins performantes sont ainsi éliminées à mesure.
Sur ce test, certaines paires sont assez proches, une paire sort du lot et 3 autres sont nettement moins performantes. Les résultats ne sont pas forcément ceux que nous pensions !
Résultats des tests de glisse
LMach Bleu vs HMach Bleu :
Notre premier test opposait la paire de skis préparée au LMach bleu solide à la paire préparée au HMach bleu solide (même application avec une température de fer de 180°C, afin de comparer les fartes LMach contre les farts HMach.) :
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La formule HMach s’est avérée gagnante. Nous éliminons donc la paire préparée au LMach.
HMach Bleu vs HMach Bleu (avec des températures de fer différentes) :
Ensuite, nous avons voulu tester l’écart entre les deux méthodes d’applications du HMach bleu (fer chauffé à 180°C versus fer chauffé conventionnellement à 140°C) :
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Il s’avère que le test est bluffant ! La paire ayant eu une application au fer à 180°C est largement devant.
HMach Bleu Solide vs HMach Bleu Liquide :
Nous réalisons un test opposant le fart HMach bleu solide (fer à 180°C) contre le même fart en version liquide (Hmach bleu liquide) :
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Le HMach bleu solide est largement devant. Même au patinage, la sensation du liquide est ici mauvaise avec une impression de retenue.
HMach Bleu vs HMach Violet :
Nous effectuons ensuite un test opposant le HMach solide bleu (180°C) au HMach solide violet :
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Les paires sont assez proches au niveau de la glisse. Le HMach violet s’avère un peu devant au fur et à mesure du test.
HMach Violet vs Base Hard :
Nous gardons en test le HMach Violet et l’opposons à la base Hard VOLA :
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La paire avec la « Hard base » sort du lot sur les schuss en étant bien plus performante. Cela montre l’importance des tests car ce résultat déjoue nos pronostics. Sensation trompeuse, à l’essai, lors du patinage le HMach violet offrait d’aussi bonne en sensations que la base.
Base Hard vs Mach Propulsor Bleu :
Cette Base Hard est ensuite comparée au Bloc accélérateur Mach Propulsor Bleu :
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Les essais sont unanimes. Le bloc Mach Propulsor est au moins 70cm derrière en fin de schuss. Ce dernier est donc écarté du test.
Base Hard vs Céra :
Nous avions gardé le meilleur pour la fin. Bien que les conditions de neige soient sèches, le fluor reste bien souvent l’élément le plus performant pour glisser. Nous réalisons donc un test opposant la Base Hard (meilleur résultat jusqu’à présent) à la Céra. Le résultat est bluffant. La base est encore nettement devant ! Ce résultat est tellement surprenant que nous avons décidé de confronter la base Hard appliqué sur notre ski test avec une paire de skis fartés à la céra qui appartiennent à l’un des participants à la formation (et croyez nous, ce n’était pas n’importe qui …). Nous sommes conscients que ce test est biaisé. Les skis ne sont pas les mêmes et le fartage n’était pas spécialement réalisé pour ces conditions précises. Cependant, le test est unanime, la base reste plus performante que la céra sur ce test.
INCROYABLE : Le choix offrant le plus de glisse dans les conditions rencontrées lors du test est donc la Base Hard.
Retour sur le protocole du test
Trouver la combinaison de fartage optimum est possible en travaillant par essai erreur sur l’ensemble des gammes de fart. Cependant, l’enjeu est de trouver la bonne combinaison dans un temps limité (juste avant la course) et avec des moyens techniques restreints (parc de skis tests étalonné limité en nombre de paires et nombre de techniciens/testeurs). Il faut donc travailler par élimination au préalable.
L’analyse des conditions de neige permet un gain de temps et de tests considérable. Dans des conditions de neige froide et sèche comme nous avons rencontré, il semblait logique d’éliminer les farts développés pour des neiges plus chaudes et humides (farts Jaunes ou rouges par exemple). Le choix des possibles est donc immédiatement restreint (même si on est jamais à l’abri d’une surprise …).
Dans ces conditions de neige sèche, nous voulions déterminer si les farts de la gamme LMach (Low Hydro : faiblement additivé car développé pour des conditions sèches) allaient être plus ou moins performants que les farts de la gamme HMach (High Hydro : fortement additivé pour performer sur neige humide). Nous avons donc choisi de garder en test ces deux types de paraffines additivées en céramique principalement (ce qui remplace le Fluor). Nous voulions également voir si les farts solides étaient plus pertinents que les farts liquides sur cette neige. C’est pourquoi les deux versions ont été testées et mis en confrontation directe.
Ce test nous a permis de démontrer qu’avec les mêmes produits mais sous formes différentes (solide/liquide) ou appliqués différemment (température du fer), de gros écarts peuvent apparaitre.
Dernier point, il est évident que la connaissance empirique sur les performances des différents farts (en fonction des types de neiges et conditions) est la clé de la réussite. Même s’il relève de l’impossible de faire LE meilleur choix en un essai, cela permet de restreindre les tests. Restreindre les tests est en soit une obligation technique (contrainte de temps et de moyen comme expliqué ci-dessus). Mais cela permet, toutes choses égales par ailleurs, de pouvoir se concentrer plus fortement sur les farts qui fonctionnent et sur leurs techniques d’applications.
Dans cet exemple, nous avons essayé d’appliquer les farts solides avec des températures de fer « extrêmes ». Une différence d’efficacité notable est présente. Cette tentative d’augmenter la température est un autre exemple de l’importance des connaissances empiriques. Nous devons cette astuce à Rémy, le technicien Vola, qui savait par expérience que les farts nouvelle génération performent parfois (nous insistons bien sur le parfois) mieux avec des températures d’application plus fortes. Autre exemple de l’importance de l’expérience : le test d’une base dure sur neige froide et sèche (nous devons une fois encore cette astuce à Rémy). De prime à bord, il est peu concevable qu’une base offre plus de glisse qu’un fart additivé (fluor ou autre substance) haut de gamme. Et pourtant, sur notre journée, sur les skis testés, la base hard est la paraffine qui offre le plus de glisse. Ce choix aurait été d’emblée écarté par bon nombre de skieurs (en tous cas par la grande majorité des personnes présentes le jour de cette formation).
Pour aller plus loin
Les plus pertinents d’entre vous auront sans doute relevé quelques points d’amélioration. Effectivement, nous aurions pu par exemple tester « l’usure » des farts en skiant plusieurs kilomètres (ce nombre de kilomètres est à définir en fonction de la distance à réaliser le jour de la course). Réaliser ces tests de glisse à nouveau et comparer les résultats avec ceux obtenus au kilomètre zéro. En fonction de la distance, le phénomène d’usure et d’encrassement aurait peut-être considérablement changé la donne. Le choix final du fart découle alors d’un arbitrage d’efficacité entre la glisse obtenue au début de la course et celle encore présente en fin de course. En effet, rien ne sert de mener toute la course pour se faire coiffer au poteau car vos skis sont scotchés en fin de course. À l’inverse, certains skieurs préféreront prendre l’ascendant psychologique et redoubler d’effort sur la fin pour tenir tant bien que mal les derniers mètres.
Il est important de garder à l’esprit que chaque condition de neige est différente et que chaque ski peut réagir plus ou moins différemment. Nous n’avons ni évoqué les différentes structures et encore moins parlé des différentes paires de ski mais ces éléments ont bien sûr leur importance dans l’équation. Mais plus vous disposerez de données, plus vos choix seront réduits et précis pour choisir les meilleurs produits et combinaisons.
Dernier point. Nous sommes à « l’air 0 » des gammes de fart sans fluor et même les grosses nations sont reparties de zéro dans les tests. Les connaissances sont à établir à nouveau. Cela vous laisse donc une opportunité d’être dans « la course au savoir » et d’avoir des performances de glisses supérieures à la majorité des skieurs.
Alors, bon test à vous !
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